Enseignement spécialisé
L’enseignement spécialisé accueille tout enfant qui doit bénéficier d’un enseignement adapté en raison de ses besoins spécifiques et de ses possibilités pédagogiques. Cet enseignement assure le développement des aptitudes intellectuelles, psychomotrices, affectives et sociales des enfants qui lui sont confiés.
Missions de l’enseignement spécialisé fondamental catholique
Les missions de l’école fondamentale spécialisée sont centrées sur le développement global et l’épanouissement de l’enfant. L’école spécialisée accueille des enfants qui présentent un handicap, un retard, une déficience ou un trouble et leur propose une structure qui s’adapte à leurs besoins. Ces besoins exigent un accompagnement spécifique par une équipe pluridisciplinaire.
L’enseignement spécialisé se caractérise par une coordination entre l’enseignement et les interventions orthopédagogiques, médicales, paramédicales, psychologiques et sociales d’une part et d’autre part, par la collaboration permanente avec l’organisme chargé de la guidance des élèves. Les membres de ces équipes travaillent à la réalisation de leurs missions, chacun dans leur champ d’action, en référence aux projets éducatif, pédagogique et d’établissement de leur propre école (rédigés en cohérence avec les projets de leur réseau) et également autour du PIA de chaque enfant.
Comme leurs collègues de l’enseignement ordinaire, les personnels de l’enseignement spécialisé poursuivent les quatre objectifs du Décret “Missions” (article 6):
- Promouvoir la confiance en soi et le développement de la personne de chacun des élèves.
- Amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle.
- Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures.
- Assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale.
Quel est le projet pédagogique de l’enseignement spécialisé catholique?
La mission de l’enseignement fondamental spécialisé catholique est de permettre aux élèves que l’enseignement ordinaire ne peut, pour une raison ou une autre, prendre en charge, de bénéficier d’une scolarité adaptée à leurs besoins. En fonction des difficultés rencontrées, cette prise en charge est ponctuelle ou permanente.
Cet accompagnement pédagogique prend sens dans une volonté de collaboration entre les différentes instances de l’enseignement ordinaire et de l’enseignement spécialisé, où les synergies et partenariats mis en place se font dans le respect mutuel et la mise en valeur des complémentarités.
A côté des objectifs identiques à ceux de l’enseignement ordinaire, l’importance du handicap est telle que la prise en charge pédagogique des enfants doit être complétée par une stratégie d’accompagnement relationnel adaptée. Celle-ci se focalise naturellement sur l’élève, mais aussi sur les parents, partenaires privilégiés en terme de collaboration, pour les aider à accepter la situation de leur enfant dans un esprit constructif. Ensemble, ils construiront les axes relationnels, communicationnel et également l’autonomie avec l’enfant.
- Accueillir tout l’enfant, l’aider à s’accepter et à devenir citoyen
L’enfant qui entre dans l’enseignement spécialisé a souvent un vécu antérieur difficile (échec, dévalorisation, rejet, perte de confiance, d’identité, …).
C’est pourquoi, l’école fondamentale spécialisée se donne des temps et des lieux pour accueillir l’enfant dans sa globalité, pour lui rendre confiance en ses capacités évolutives. Elle favorise différentes approches pour lui permettre d’être « bien dans sa peau » et le réconcilier avec lui-même et avec l’école. Grâce à ces moyens, l’école veille à ce que l’enfant prenne conscience de sa personne, de son potentiel existant et à développer, ainsi que de ses difficultés.
Elle le valorise et l’accompagne dans la reconstruction de ses projets d’abord, dans la construction de nouveaux projets ensuite. Elle lui permet de jouer un rôle actif dans le groupe où il vit notamment dans la construction, l’acceptation et le respect des règles. Au cours des activités, les échanges sont menés pour mettre en valeur les différentes sensibilités et les repères affectifs, culturels et cognitifs propres à chacun.
La reconnaissance de sa situation lui permet de s’accepter et d’accepter les autres et leurs différences, de vivre en communauté et donc d’évoluer, dans les limites de son handicap, vers une citoyenneté responsable. Il pourra ainsi mieux vivre dans une société qui doit reconnaître les mêmes besoins fondamentaux à chaque enfant, quelles que soient leurs différences.
Cette construction de soi avec et par les autres, en référence à Jésus-Christ, influence l’organisation de tous les apprentissages spécifiques dévolus à l’école.
Ainsi, l’école qui respecte chacun favorise un processus d’apprentissage dans lequel l’enfant est (co-)acteur, et non spectateur. Il est placé en situation où il doit se mettre en recherche, en recourant à ce qu’il sait déjà, à ce qu’il sait faire mais aussi aux savoirs des autres. Il avance par tâtonnements. L’erreur est permise et devient un levier qui l’aide à s’interroger et à réorienter sa recherche pour progresser. L’enfant développe son intuition et sa créativité pour construire une ou des solutions.
Dans ce processus, l’enseignant a pour tâche de proposer, au départ, des situations-problèmes qui interpellent l’intérêt et la curiosité de l’enfant, et qui le centrent sur les compétences et les connaissances à construire.
La diversité des enfants accueillis nécessite une organisation variée des apprentissages pour permettre aux élèves d’accéder à un certain niveau de compétences. En fonction de leur rythme, il est nécessaire de développer des méthodologies différentes et de proposer aux enfants de nombreuses situations ouvertes avec des modes d’approche différents ainsi que des stratégies appropriées en vue d’intégrer un même savoir.
Dans le souci d’y rencontrer les canaux de perception privilégiés des élèves, il convient de s’ouvrir aux diverses approches, mais également d’en rechercher des nouvelles.
Différencier, c’est donc croire qu’ils sont tous capables de progresser. C’est alors avoir la volonté de chercher les outils les plus pertinents pour surmonter les obstacles rencontrés et ainsi, aider l’enfant à trouver des chemins de compensation de son trouble/handicap.
Le rôle de l’enseignant consiste à favoriser la construction individuelle et collective. Il doit être attentif à varier les sollicitations en cours d’apprentissage pour que chacun progresse et aille le plus loin possible.
La différenciation se traduit également par une prise en charge individuelle, ponctuelle et précise de certains enfants par du personnel paramédical et des maîtres d’enseignement individualisé.
Ainsi qu’abordé dans les points précédents, la multitude d’aspects de la personnalité de l’enfant auquel l’enseignement spécialisé se doit d’être attentif nécessite la collaboration d’un certain nombre de professionnels, ayant tous leur spécificité propre.
En vue de favoriser le développement global de chaque élève, le travail de l’équipe éducative et des partenaires extérieurs se doit d’être concerté.
Cette collaboration se fait dans le respect des autres (regards singuliers) ; chacun est responsable dans sa zone de compétences mais la responsabilité du développement global de l’élève est commune.
Le PIA (Plan Individualisé d’Apprentissage) coordonne les actions de l’équipe pluridisciplinaire autour, pour et avec l’enfant. Celui-ci est déterminé au cours du premier trimestre et sera évalué deux fois chaque année scolaire. Dans ce cadre, l’enseignant a un rôle de garant, de référent dans le respect de la définition, la réalisation, l’évaluation et l’adaptation du projet de développement de chaque enfant. Plus globalement, des valeurs telles que l’accueil, le pardon, la disponibilité, la créativité, l’intériorité… doivent guider le travail de l’équipe et en renforcer la solidarité responsable.
Pour ce faire, des instances telles que le Conseil de Classe et le Conseil de Participation permettent des échanges vrais et fructueux
L’école est un système dans lequel toute personne doit se sentir responsable de l’éducation de chaque enfant. Pour créer un même mouvement où tout le monde est impliqué et où chacun a son rôle à jouer (enseignants, parents, pouvoir organisateur, direction, partenaires socio-culturels, enfants), il faut se donner du temps et des moyens. C’est à cette condition que va se développer, progressivement, le sentiment d’appartenir à une communauté engagée dans un projet collectif, enrichi de la diversité de chacun.
L’école doit prendre en compte et considérer comme une richesse la variété culturelle des enfants qu’elle accompagne. C’est en s’appuyant sur l’histoire de chaque enfant qu’elle pourra l’aider à construire un avenir qui lui est propre.
Toutefois, l’école n’est pas seule. Elle doit tenir compte des réalités politique, économique et sociale pour permettre à l’enfant de s’impliquer dans ces réalités et utiliser les ressources de son environnement.
Le handicap ne peut être considéré comme un obstacle. Celui-ci doit au contraire pouvoir être dépassé en réfléchissant à l’organisation, au cadre à mettre en place en vue d’accéder à la richesse d’un véritable échange ouvert vers l’extérieur.
D’une manière générale, s’ouvrir, c’est entamer un vrai débat, et permettre aux élèves de l’enseignement spécialisé de (re)trouver leur place et leur rôle dans la société.
L’enseignant veille aussi à organiser l’aspect interactif de ces apprentissages. Il incite chaque enfant à partager, avec les autres, le chemin qu’il a suivi, les problèmes rencontrés et les solutions trouvées.
Dans cette interaction, chaque enfant fait valoir ses compétences et les remet en cause. Il s’approprie également certains aspects des compétences des autres.
L’enseignant prépare les informations et les supports dont l’enfant pourrait avoir besoin pour dépasser l’obstacle rencontré. Il les propose adéquatement en fonction du cheminement de chacun.
Le parcours antérieur de l’enfant qui entre dans l’enseignement spécialisé nécessite de commencer sa prise en charge par un bilan global. Cette anamnèse (niveau individuel, vécu social, familial, etc.) requiert un regard multiple et pluriel, tant au niveau interne interdisciplinaire qu’au niveau externe (parents, P.M.S., I.M.P., home, école précédente, …).
Une telle approche multiple doit se faire dans un souci de cohérence, d’échanges, et donc d’objectivation sans jamais fixer l’enfant dans une vision définitive, pour constituer des groupes classes qui tiennent compte de l’hétérogénéité des niveaux de développement des compétences, de l’âge et des problématiques individuelles.
Ce premier bilan permet d’organiser le projet de développement de l’enfant à court, moyen et long terme, c’est le plan individuel d’apprentissage (PIA) qui est communiqué aux parents dans un souci de cohérence école-famille.
Ce projet fait référence aux besoins en fonction des objectifs retenus (grilles d’observation, socles de compétences,…).
Mais surtout, il est constamment régulé par les divers intervenants grâce à une observation régulière de l’enfant dans les activités qui lui sont proposées. L’équipe accorde davantage la priorité à la construction des compétences de l’enfant et focalise moins son attention sur le résultat.
Grâce à l’observation fine de l’enfant, l’enseignant prend conscience des procédures utilisées par l’enfant et des obstacles rencontrés. Il peut ainsi lui proposer de nouvelles activités pour progresser vers l’objectif à atteindre. L’enfant peut continuer à grandir, à se former.
C’est en cela que l’évaluation est appelée formative.
Des dispositifs sont également à mettre en place pour permettre une auto-évaluation optimale de l’enfant.
Plusieurs conseils de classe sont à prévoir durant l’année. Des évaluations sommatives (bilans) sont organisées en fonction des objectifs de développement poursuivis pour situer l’enfant et permettre un réajustement du projet global.
La continuité dans l’enseignement spécialisé se traduit par le plan orthopédagogique, qui se caractérise par une prise en charge globale de l’enfant, reprenant les quatre volets suivants : les apprentissages pédagogiques, l’évolution comportementale, l’évolution de l’enfant dans son milieu social et familial, et son équilibre psychologique et physique. Les différents accompagnateurs de l’enfant sont coresponsables des objectifs de développement à poursuivre. Ils assurent les articulations entre les divers soutiens proposés à l’élève dans un souci de cohérence et de continuité dans la durée.
A partir des projets individuels de chaque enfant et des objectifs poursuivis par l’établissement, l’équipe éducative a recours à divers critères de répartition dans la constitution des classes (compétences, besoins, âge mental, etc…). Par ailleurs, tout élève, peut être amené à fréquenter différents groupes-classes en fonction de ses besoins.
Cette souplesse permet un cheminement individuel de l’enfant, à son rythme propre