Chaque mois, nous vous proposons de remonter le temps et de partir à la découverte de l’histoire de nos écoles. Ce mois-ci : l’Institut Sainte-Marie, à Jambes, qui, pensionnat de l’école namuroise originelle à sa naissance en 1930, est devenu un pôle de formation pour opticiens et prothésistes dentaires.
Du sommet du pensionnat inauguré par 112 internes dès le lendemain de sa bénédiction le 12 mai 1930, la vue est magnifique sur les deux rives de la Meuse : Namur là-bas, Jambes ici. « L’emplacement sur la rive droite est merveilleux », lit-on dans une publicité d’époque. « De là, se déroule aux yeux du spectateur ravi le panorama splendide de l’antique citadelle, de la ville aux multiples clochers, des riants villages qui l’entourent, des falaises blanches surplombant le fleuve, de la Meuse verte qui étincelle et miroite, entourant la cité comme une ceinture d’émeraude. Le pensionnat, simple et spacieux, solidement construit, aménagé selon les règles de l’hygiène et du confort moderne, s’harmonise parfaitement avec le site qu’il couronne. »
Si les Sœurs de Sainte-Marie sont créées dans le centre de Namur en 1819 (lire ci-contre), elles ne mettent pas longtemps à lorgner l’autre rive. Dès 1859, elles acquièrent la première des deux maisons de la Montagne Sainte-Barbe à Jambes qui leur permettront d’y développer une paroisse, un couvent et bientôt un pensionnat et une école pour jeunes filles. Dès le début du XXe siècle, les Sœurs souhaitent transférer leur pensionnat d’un centre-ville alors populeux et soumis aux inondations vers la campagne jamboise. En 1923, elles vendent des maisons de ville pour acheter des terres le long de la chaussée de Liège à Jambes. Le dénivelé entre la chaussée et le plateau, matérialisé par les lacets qu’empruntent quotidiennement les élèves les plus courageux, est tel que l’on a alors l’impression de gravir une véritable montagne.
Dès 1932, une école moyenne pour jeunes filles est créée, proposant, selon la vision de l’époque, une éducation « ménagère agricole » d’une part, et, d’autre part, des cours de sténodactylo, « coupe et confection, cuisine, lessivage, repassage et raccommodage ». « L’internat a quitté les bâtiments de l’école en 1999, les conditions d’hébergement n’étaient plus aux normes », dit Gauthier Martiat, enseignant puis directeur de l’école jamboise depuis 1993. « La Bicoque, une ancienne ferme qui a connu de nombreux usages, a finalement été transformée pour devenir un internat pour jeunes filles. » Flambant neuf, cet internat de 70 places ne désemplit pas et sa directrice, Nadine Bodart, ne cesse d’en voir s’allonger la liste d’attente…
Prothèses et optique
À côté de cela, une des curiosités du site est incontestablement la chapelle arrondie construite en 1963 par Roger Bastin. Admirateur de Le Corbusier, Bastin n’est pas n’importe quel architecte. Il a notamment dessiné le pont des Ardennes à Namur, le sanctuaire de Beauraing, le campus de l’UNamur, le musée d’Art moderne et la tour Reyers à Bruxelles, le Cyclotron à Louvain-la-Neuve … « Souvent, on se demande en quoi on va la transformer car elle a perdu de son usage. En revanche, chacun apprécie de pouvoir y prendre place pour les réunions du personnel enseignant ou les proclamations. »
Avec ses 1.500 élèves, l’Institut Sainte-Marie est un des plus importants établissements de la capitale wallonne. Ce qui nécessite de nombreux aménagements. « Durant 18 mois et depuis la rentrée 2022, nous transformons totalement le quatrième et dernier étage et la toiture pour avoir plus de classes alors qu’aujourd’hui, ce sont encore des chambrettes d’internes transformées. Nous avons aussi une chaudière biomasse et de nouvelles ailes destinées aux options qui font notre spécificité : les humanités sportives et le pôle constitué par les laboratoires des options optique (depuis 1962) et prothèse dentaire (depuis 1982) que nous sommes la seule école libre à proposer en Communauté française », conclut Gauthier Martiat.
