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Lettre d’information – Avril 2024
Bonjour à toutes et tous,
Revoici une nouvelle lettre d’infos pour vous ! Nous essayons d’assurer la fréquence promise. Les retours qui nous parviennent nous font plaisir et nous incitent à continuer. Merci !
L’année se poursuit et l’on sent bien que les enjeux se précisent, que les évaluations commencent à permettre aux élèves de se projeter dans la suite et aux enseignants de préciser leurs observations.
Il y a aussi beaucoup d’élèves pour qui les enjeux des sessions de juin, des évaluations sommatives et du passage dans l’année supérieure ne font pas sens. Nous pensons particulièrement aux élèves des DASPA, aux primo-arrivants empêtrés dans l’apprentissage de la langue française, des codes de l’école et d’une culture parfois tellement éloignée de la leur.
Nous leur dédions cette lettre d’infos. Mais nous vous proposons de découvrir les outils proposés ici en élargissant le regard. Certains de ces outils destinés à des élèves en apprentissage de la langue française ne pourraient-ils pas être efficaces pour d’autres profils ? Pour les élèves à besoins spécifiques, par exemple ? Ou simplement pour permettre un travail en classe, en comptant sur le partage de parole et la verbalisation dans le groupe ? On pose ça là et on vous laisse juges.
Lors de nos accompagnements en école, la question de l’arrivée du Tronc commun en secondaire et de toutes ses implications se fait de plus en plus pressante. Entre l’approche inclusive et le changement attendu des programmes, nous sentons bien l’inconfort pour certains d’entre vous. Quoi de plus normal. Nous n’avons pas toujours de réponses à vous apporter mais vous assurons que la DESec (Direction Enseignement Secondaire) et la CSA (Cellule de Soutien et d’Accompagnement, notre service) suivent évidemment au plus près les informations qui arrivent. Les nouveaux référentiels sont également décortiqués pour permettre au Secteur Français de concevoir un programme qui sera d’application dans notre réseau, à partir de la rentrée scolaire 2026.
On y travaille sérieusement. On avance. Nous visons des présentations de ce nouveau programme dès janvier 2025. Pour autant, nous n’avons pas toutes les cartes en main et devons nous conformer au rythme d’autres instances.
Patience…
Si vous souhaitez tester l’une ou l’autre situation d’apprentissage en lien avec le nouveau programme, pour nous faire part de vos feedbacks, merci d’envoyer un mail à sibille.demiddeleer@segec.be. Les informations et modalités pratiques vous seront ainsi communiquées.
Nous vous avions déjà montré le site La Digitale. Nous vous présentons, ce mois-ci, l’une de ses applications : le Digibrunch. Il s’agit d’un “bouquet de liens variés” qui permet de rassembler des liens numériques pour travailler une même thématique (par exemple, dans le cadre du corpus à réaliser au D3 pour l’UAA1). Tout cela au même endroit ! Quel bel outil efficace, intuitif et évolutif !
Ce digibunch est créé principalement pour les élèves allophones, mais mérite d’être analysé en fonction d’un objectif collectif en classe. Comme tous les outils, il n’évite pas à l’enseignant de poser un regard critique. Les applications, sites ou espaces collaboratifs, aident les élèves à travailler en autonomie, mais nous apprécions qu’ils ne soient pas parfaits ! Ce regard de relecture, cette posture critique et réflexive restent indispensables également pour les élèves qui doivent parfois arbitrer leurs choix.
On se fait plaisir en mettant en évidence la présence, à l’intérieur de ce digibrunch, d’une application “Dictionnaire des francophones” qui propose des définitions et des acceptions variées en fonction des cultures. Essayez de taper “famille“ ou “blonde”… vous verrez toutes les potentialités de cette approche multiculturelle.
L’équipe PECA nous a fait découvrir un site qui permet de cultiver le plaisir d’apprendre par la culture. Vous y trouverez différents numéros et autant de propositions et de productions écrites variées, interculturelles et motivantes. Le dernier livret s’intéresse à l’architecture.
A l’Institut Sainte Begge d’Andenne, une équipe d’enseignantes de 3e générale a choisi d’expérimenter une autre méthode d’apprentissage : la classe autonome. Mais de quoi s’agit-il ? Voici quelques explications dans cette interview des enseignantes.
- Durant les dernières semaines, vous avez testé un nouveau dispositif avec vos élèves de 3e générale : la classe autonome. De quoi s’agit-il ? Quel est le principe ? Comment ça fonctionne ?
Il s’agit d’un dispositif qui permet aux élèves de se mettre au travail en autonomie (le professeur est un outil parmi d’autres), individuellement ou par groupes. Après un moment en collectif qui reprend les grandes lignes du projet en cours et l’état d’avancement du travail, les élèves sont dispersés dans la classe pour travailler à différents ateliers qui sont mis à leur disposition. Ces ateliers correspondent aux différentes activités d’apprentissage qui conduisent à la réussite de la tâche finale. Les élèves les choisissent en fonction de leurs besoins pour atteindre l’objectif final du parcours. La classe autonome, c’est donc pour l’essentiel des ateliers vécus en autonomie par les élèves (seuls ou à plusieurs), ponctués de temps d’arrêt collectifs.
- Qu’est-ce qui vous a motivées, après plusieurs années de carrière, à tester ce nouveau dispositif ?
Force est de constater que le métier change et le public également. Les classes sont constituées d’élèves à besoins spécifiques qui demandent une attention particulière. Par ailleurs, nos jeunes sont habitués à une stimulation permanente avec l’utilisation du GSM. Dès lors, le cours frontal à 100% s’avère moins efficace tant pour l’élève que pour le professeur.
- Comment vous êtes-vous préparées ?
Nous en avons parlé à notre Direction qui nous a soutenues depuis le début. Elle a contacté une conseillère pédagogique qui nous a accompagnées durant cette année pour réfléchir à nos besoins, à la faisabilité du projet et élaborer le parcours. Nous avons travaillé par étapes : nous avons ciblé la tâche finale attendue (une recomposition), nous avons créé les critères d’évaluation et ensuite, nous avons imaginé les ateliers par lesquels devraient passer les élèves pour atteindre l’objectif. Nous avons fait le choix de cibler des ateliers incontournables (les élèves étaient obligés de passer par ceux-ci mais avaient la liberté de l’ordre dans lequel ils allaient travailler) et d’autres plus facultatifs (dépassement, remédiation). Ensuite, il a fallu préparer le matériel (nous avons choisi de mettre les ateliers dans des enveloppes que les élèves venaient chercher au fur et à mesure) et organiser le travail dans le temps. Nous avons aussi planifié les temps d’arrêt collectif et leurs objets et créé un carnet de route pour que les élèves puissent garder trace de leur participation aux ateliers et des apprentissages réalisés en vue de la tâche finale.
- Quels impacts positifs avez-vous pu percevoir sur les élèves pendant ces heures de “classe autonome” ?
Certains élèves ont développé leur autonomie au cours des différents ateliers (ils interviennent moins pour demander de l’aide, ils se débrouillent autrement). Certains n’avaient pas l’impression de travailler (ce sentiment est favorisé par la configuration de la classe en petits groupes dispersés). Cela aide à la motivation. On assiste aussi à une entraide entre les élèves (le sentiment de compétition est moins important). De plus, quand un élève est absent, il peut aisément poursuivre son apprentissage lors de son retour sans avoir le sentiment d’avoir « perdu » de la matière.
- Quels freins aviez-vous avant de commencer ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Avez-vous trouvé des moyens de les lever ? Si oui, lesquels ?
Nous avions émis des craintes concernant notamment la discipline et le bruit. Nous nous questionnons également encore à ce jour sur la place des temps de synthèse collectifs au sein du dispositif : à quelle fréquence faut-il les organiser ? À quels moments ? Après un premier test du dispositif de classe autonome, nous nous sommes rendu compte qu’il faudrait consacrer davantage de temps, la prochaine fois, à ces moments de structuration. Ils pourraient être l’occasion de pratiquer l’évaluation formative, de faire le point sur l’état d’avancement de chacun, de se reposer sur les idées et forces du groupe pour résoudre des difficultés rencontrées pendant le parcours autonome… De nouvelles pistes sont à explorer.
- La classe autonome à l’Institut Sainte Begge : stop ou encore ?
Un grand oui !
La librairie Papyrus de Namur vous conseille quelques ouvrages en littérature jeunesse et de tout bons livres de poche :
La porte du non-retour, Tome 1, Kwame Alexander, Albin Michel jeunesse, dès 13 ans
À coup de mots percutants qui vont droit au cœur, de vers slamés, Kwame Alexander fait parler Kofi Offin, ado du Royaume ashanti (l’actuel Ghana). Kofi est un garçon plein de fougue, en passe de devenir un homme, un nageur hors pair… Mais sa vie va basculer le jour où il est capturé et vendu aux esclavagistes, en 1860. Arraché à sa famille, à son peuple, tenu en captivité dans la prison de Cape Coast, sur la côte Atlantique, le jeune garçon attend, fébrile, ce que lui réservera son destin : embarquer sur un bateau pour rejoindre un autre monde…
Un texte puissant, beau et fort ! Un premier tome dont on attend la suite avec impatience.
Delphine
Tenir sa langue, Polina Panassenko, Points
Polina en Russie, Pauline en France. Deux prénoms pour une même personne, ceux de l’autrice. Elle nait Polina en Russie mais la France la rebaptise Pauline quand sa famille s’y installe. Quand Polina veut récupérer son prénom de naissance vingt ans plus tard, un combat de longue haleine commence… L’écrivaine revient sur son enfance en Russie, son déménagement en France au moment de la chute de l’URSS, son parcours de funambule entre les deux pays, les deux cultures et les deux langues, en équilibre précaire… Et c’est bien de langue et d’identité dont il est question dans ce récit touchant, porté par la voix singulière et la langue inventive et libre de Polina Panassenko.
Un texte évidemment très personnel, drôle, émouvant, intelligent.
Delphine
Le lac de nulle part, Pete Fromm, Totem
Les jumeaux Al et Trig et leur père mathématicien partent en canoë sur l’eau des lacs canadiens. Partir à l’aventure, c’est ce qu’ils faisaient tous les quatre des années auparavant, quand frère et sœur étaient enfants et qu’ils formaient encore une vraie famille. Cette fois, tous trois vont partir pour un mois avec le strict nécessaire, malgré l’inquiétude et la tension latentes. En ce mois de novembre venteux, humide et froid, l’aventure pourrait devenir un piège… Les secrets bien gardés, la neige et la glace qui recouvrent les lacs vont peu à peu libérer les souvenirs et forcer les enfants à rompre les amarres.
Ode à la nature et aux paysages grandioses, cet excellent roman nous emporte dans une virée familiale infernale et palpitante !
Catherine D.